Icône d’un genre, voix d’une génération. Le 30 mai 2025, The Citadel, haut lieu culturel de Miami, se transformera en sanctuaire musical pour honorer Alan Cavé, l’une des plus grandes voix de la musique haïtienne. Le chanteur sera au cœur d’un événement exceptionnel organisé par le collectif Kamikaz Group, une soirée à la fois festive et mémorielle qui réunira des passionnés, des artistes et des figures de la diaspora autour de son répertoire mythique.

Plus qu’un simple hommage, il s’agira d’un retour aux sources, d’une immersion dans l’univers d’un artiste dont les ballades sentimentales et le groove compas ont marqué l’imaginaire de plusieurs générations. DJ K9, connu pour ses mix percutants, assurera la bande-son d’un voyage à travers plus de trois décennies de musique.

Alan Cavé, c’est une voix qui ne s’oublie pas. Un timbre feutré, capable de caresser comme de bouleverser. Né à New York en 1966 de parents haïtiens — Syto Cavé, poète, et Yanick Jean, écrivaine — il grandit entre deux cultures, à la croisée de la scène artistique et de l’intime. Rapidement, il comprend que sa vie se jouera en musique.

Sa carrière prend forme en 1987, lorsqu’il devient le chanteur principal du groupe Zin, fondé aux États-Unis. Avec cette formation, il participe à redéfinir le compas moderne, en y apportant des arrangements plus doux, des harmonies enrichies, et surtout, une émotion pure. Zin devient une référence de la scène diasporique avec des albums devenus classiques, tels que : O Pa (1988), Lage'm (1992),..

Mais Alan Cavé n’est pas un artiste figé dans un collectif. Dès 2001, il s’affirme en solo avec l’album Se Pa Pou Dat, véritable déclaration d’amour à la musique haïtienne. Ce projet ouvre un nouveau chapitre, plus personnel, où il devient le narrateur de ses propres histoires, souvent d’amour, parfois de perte, toujours sincères. Il enchaîne ensuite avec des opus comme Ma Beauté Cachée, Ankadre, Timeless, ou encore Konpa 101 — autant de pièces d’une discographie bâtie sur la constance et l’exigence.

Ce qui distingue Alan Cavé, au-delà de son immense talent vocal, c’est sa capacité à fédérer. Ses chansons traversent les générations, ses paroles touchent autant les nostalgiques que les jeunes adultes. Il est l’un des rares artistes haïtiens à avoir su adapter son style sans jamais trahir ses racines.

Au fil des années, il multiplie les collaborations : avec des légendes du zouk comme Malavoi, des artistes urbains comme Wendyyy, ou encore des voix émergentes comme Oswald. Il revisite ses propres classiques, se réinvente sans renier son essence. En 2024, il entre dans l’histoire en devenant le premier chanteur haïtien à se produire en live au Madison Square Garden, événement qui consacre son aura internationale.

Mais au-delà des chiffres et des scènes, Alan Cavé incarne quelque chose de plus profond : la résilience culturelle. Il est la mémoire musicale d’une communauté dispersée, la voix des amours vécues à distance, des espoirs portés par la musique, des départs sans retour. Il ne chante pas seulement pour divertir ; il rassemble, console, élève.

À 58 ans, Alan Cavé n’a rien perdu de sa ferveur. Il continue de composer, de monter sur scène, et surtout, de transmettre. La soirée du 30 mai à Miami s’annonce comme un moment suspendu, une traversée en chansons à travers l’œuvre d’un homme qui a su, mieux que quiconque, faire vibrer les cœurs et porter la musique haïtienne vers l’universel.